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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 19:26

http://www.curiosphere.tv/SITHE/SITHE23717_DYN/images/cahiers-pedagogiques.pngRevue de presse du mercredi 16 février 2011 de Philippe Watrelot
Dans les Cahiers pédagogiques

Pour voir l'Article dans son contexte original : cliquez ici



Le rapport qui tombe à pic (suite) - Ras les palmes – Deux proviseurs - ساب سغير يسير كبير-

Le rapport qui tombe à pic (suite)
Le rapport “qui tombe à pic”, comme nous le qualifions la semaine dernière continue à faire des vagues. Tous les journaux ont repris cette information développée dans un rapport du Centre d’Analyse Stratégique (CAS)  : la France a un taux d’encadrement de seulement 6,1 pour 100 élèves-étudiants. Si l’encadrement dans le secondaire est dans la médiane de l’OCDE, la proportion de professeurs en primaire et à l’université est nettement insuffisante. Pour rentrer dans le détail des comparaisons, la France est donc bonne dernière parmi les pays de l’OCDE, loin derrière la Suède, connue pour son fort taux de fonctionnaires, mais aussi très en dessous de la Grèce ou du Portugal, où le taux d’encadrement monte à 9 professeurs pour 100 élèves ou étudiants.
Comme nous l’évoquions précédemment, cette analyse contredit fortement le discours officiel destiné à justifier les suppressions de postes et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Et évidemment, il entraine des réactions syndicales ou associatives. D’autant plus que l’année prochaine va voir l’arrivée d’élèves supplémentaires.
"Que va faire le gouvernement face à l’arrivée de 40 000 élèves supplémentaires en 6ème cette année ? Supprimer des postes !" La FCPE s’indigne "Ce rapport ne fait que mettre en lumière ce qui est pour la FCPE une évidence depuis longtemps : les suppressions de postes dans l’Education nationale n’obéissent pas à la démographie ni à la nécessité de réduire un budget qui serait surdimensionné mais à une volonté idéologique de casser l’Ecole publique, en la dénigrant et en supprimant ses moyens de fonctionnement".

Ras les palmes
"Nous constatons aujourd’hui, avec une infinie tristesse, que l’éducation nationale souffre de plus en plus d’une politique où la logique comptable et la notion de rendement ont pris le pas sur toute réflexion pédagogique et sociale." Dans une lettre au ministre de l’éducation nationale, qui doit être rendue publique mercredi 16 février par Charlie Hebdo, 47 titulaires des Palmes académiques annoncent qu’ils renvoient à Luc Chatel cette décoration pour protester contre les suppressions de postes et la politique d’éducation menée par le gouvernement. Parmi eux, des proviseurs, des enseignants, des inspecteurs, et d’autres personnels de l’éducation nationale, tous promus dans l’ordre des Palmes académiques pour leurs compétences et leur dévouement au service de l’éducation.
Dans l’appel "Ras les palmes !", les signataires dénoncent "la longue liste des mesures qui vont contre l’école" : "la suppression, cette année encore, de 16 000 postes qui s’ajoutent aux 50 000 de ces trois dernières années ; la suppression de la formation des enseignants (IUFM) ; la suppression de la carte scolaire ; la remise en cause de la scolarisation des moins de trois ans ; les primes aux recteurs, etc." . Les titulaires des Palmes estiment que "l’école que nous avons aimée et construite est progressivement désorganisée, dégradée et disparaît". "Accepter les Palmes académiques, c’est aussi cautionner une orientation politique : nous récusons énergiquement celle que vous mettez en place", concluent les signataires.
Luc Chatel s’est fâché tout rouge et il s’exclame : “Je refuse qu’on instrumentalise un ordre républicain aussi ancien (...). C’est un comportement qui n’est pas très digne vis-à-vis des dizaines de milliers de nos concitoyens dont on a reconnu le mérite ”. Ce à quoi lui répond Michel Ascher, proviseur à la retraite et initiateur de l’appel : “Luc Chatel ne peut pas parler de dignité. Quand on appartient à un gouvernement qui a remis la légion d’honneur à Jacques Servier, qui se fait transporter dans des avions par des proches d’un dictateur, on ne peut pas utiliser ce terme. En ce qui concerne les fins partisanes, je suis presque d’accord avec lui. On est évidemment partisans d’un autre système que celui qu’il propose !”
Juste une question (idiote) : pourquoi rendre les palmes alors que l’éducation nationale coule…

Deux proviseurs
Je ne sais pas s’ils ont les palmes mais en tout cas ils ne mâchent pas leurs mots. L’un, Yves Rollin, est proviseur dans les quartiers favorisés du sud de Marseille ; l’autre, Olivier Briard, dans la zone la plus populaire de la deuxième ville de France. Ils confrontent leur expérience respective aux grands enjeux posés à l’éducation nationale dans L’Humanité.
Leur avis sur le climat dans l’ Éducation Nationale est assez désabusé. Pour Yves Rollin, aujourd’hui “ il y a, dans l’éducation nationale, une forme de désenchantement qui est à la source, peut-être, d’un doute généralisé. ”. Pour Olivier Briard, “le discours sur la méritocratie lié au travail et à l’effort tombe à plat. […] nous n’avons plus besoin d’un ascenseur social mais d’un monte-charge social.”. Sur l’éternelle question du niveau, leurs avis se rejoignent “On peut toujours pleurer sur le niveau qui baisse. En tout état de cause, il est ce qu’il est lorsque nous accueillons les élèves. 5…] Il y a perception de baisse de niveau parce qu’il y a une hétérogénéité qui est très, très importante.” selon Olivier Briard. Pour Yves Rollin, “Les connaissances, les exigences ont complètement changé. Il ne sert à rien de comparer. À l’extérieur de l’école, les jeunes acquièrent des compétences et des connaissances que l’école ne maîtrise plus. […] Ce qui est en jeu, c’est plus la question de la baisse de conception de la citoyenneté et du travail. Nous vivons dans une société qui explose les gamins. Ils sont sollicités par trop de choses et la révolution technologique n’est pas encore assez maîtrisée. Elle fait des dégâts. De plus en plus d’élèves sont détournés de l’apprentissage classique. ”. Ils évoquent aussi la “culture jeune” “Ils sont ados, habitués à s’exprimer avec de la violence. Comme le dit Adb Al Malik dans sa chanson, quand il rencontrait ses potes, ils passaient vingt minutes à s’insulter, tout ça pour dire qu’ils s’aimaient. Nous sommes face à des élèves qui n’ont pas les codes. La façon de s’exprimer, la façon d’être, tout de suite, dans l’agressivité, dans la réactivité pose des problèmes.” (Olivier Briard). Pour Yves Rollin : “notre société a peur de ses jeunes. Il s’agit surtout d’une crise du lien que l’on retrouve dans la famille comme à l’école. ”

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